Deux jours dans l’Aragón

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Two days in Aragon, un album sur Flickr.

© Denisa Ispas, 2013

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Pluie au mois de Mars

Nichita Stanescu (1933-1983), traduction © Denisa Ispas, 2012

Il tombait une pluie infernale,
et nous nous aimions sous des combles.
A travers le ciel de la fenêtre, ovale,
les nuages coulaient au mois de Mars.

Les murs de la chambre étaient
inquiets, sous des dessins à la craie.
Nos âmes dansaient
invisibles dans un monde concret.

Il pleuvra sur tes ailes, tu disais,
il pleut aux globes sur le globe et à travers le temps.
Ce n’est rien, je te disais, Lorelei,
il pleut des plumes sur mon vol.

Et je m’élevais. Et je ne savais plus où
j’avais laissé, dans le monde, ma chambre.
Tu me criais derrière : réponds-moi, réponds-moi
qui sont les plus beaux ? les hommes ? la pluie ?

Il tombait une pluie infernale, il pleuvait en folie
et nous nous aimions sous des combles.
Je n’aurais plus voulu que finît
jamais ce mois-là de Mars.

Le poème a été aussi adapté en musique et c’est tout simplement …beau.

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Connaissez-vous l’endroit où…

J’aime les cordes. J’aime surtout le violoncelle et sa voix grave, caressante, qui me fait vibrer.

C’est donc naturellement que j’ai craqué pour Cello Solo, le projet de Matthieu Saglio, que j’ai découvert grâce au blog de cktoon. Dans certaines de ses chansons, un ami lit de la poésie espagnole que Matthieu accompagne de son violoncelle de la façon la plus belle et touchante que j’ai entendue. Et puis en écoutant, un jour, j’ai entendu une charmante voix espagnole décrire un petit et ancien village en Espagne, entouré d’une muraille arabe, où on pourrait voir les plus beaux couchers de soleil du pays. Les couleurs du couchant éclatent là-bas contre les champs de blé – et donnent naissance à des couleurs incroyables.

Et de continuer, pendant que l’archet commence à esquisser les premières notes, comme des pas marchant dans le champ de blé :

« ¿Conocéis el lugar donde van a morir
las arias de Händel?… « 

Chut… et écoutez.

Au centre du centre de Castille

(Antonio Colinas)

Connaissez-vous l’endroit où vont mourir
les airs d’Haendel ?
Je crois que c’est ici, dans cet espace
ou s’invente l’infini des jaunes ;
un espace au centre du centre de la Castille
dans lequel nos corps pourraient guérir pour toujours
si tes yeux et mes yeux
regardaient ces plateaux
avec une piété absolue
et devant lesquels l’âme elle même s’agenouille
pour nous faire son offrande
en rosiers de sang.
Dans cet espace il y a un feu blanc
Dans lequel vient mourir cette musique
Qui nous arrive de loin, de si loin !

Connaissez-vous l’endroit où vont mourir
les airs d’Haendel ?
C’est ici, en une terre avec plus de ciel que de terre,
où les rossignols apaisent la promenade
et la promenade apaise les rossignols
et avec l’émanation
humide du thym le plus nocturne,
arrive un essaim d’étoiles
qui vénèrent le Christ.
C’est un lieu où la lumière
pleure la lumière
et la cathédrale des chardons
pousse son cri silencieux,
et elles sont seules, très seules, les vierges annoncées,
et le village emmuré et mort
s’élève vivant sur un horizon de larmes,
je ne sais si comme un psaume,
ou comme une couronne de pierres incertaines.

Connaissez-vous l’endroit où vont mourir
les airs d’Haendel ?
C’est ici, au centre du centre de la Castille
où dans les tons violets
se tend, comme un arc, la lumière ;
c’est dans un espace où le rien est tout
et le tout est le rien,
et dans lequel le jeune juin vient par les montagnes
verser sa coupe d’or liquide.
C’est un endroit dans lequel l’espace et le temps
sont seulement un bûcher
qui brûle et qui nourrit sa flamme
grâce à nos vies (je veux dire :
grâce à nos morts).

La musique que vous aimez le plus
a sa tombe ici.
C’est la musique qui, à travers la respiration des épis,
vient mourir dans la lumière respirée par nos poitrines.

Texte original ici. Je remercie Esther A. pour la traduction.

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Dans un couloir de métro

En tournant en rond dans les couloirs de Châtelet un jour, je suis tombée sur un groupe de musiciens qui jouaient du violon et du violoncelle sur un air classique certainement très connu, mais que je ne pourrais pas identifier – je sais, honni soit qui connaît pas, etc. Comme j’ai un faible pour les instruments à cordes, je me suis arrêtée pour les écouter. Un petit monsieur chauve et souriant vient vers moi et me propose d’acheter le CD. Navrée, je lui réponds que je n’ai pas de monnaie, à part quelques centimes. « Un lingot d’or alors ? me fait-il.

– J’en ai pas pris sur moi aujourd’hui…

– Un baril de pétrole ?

– Dans mon sac à dos ? ça aurait été difficile à transporter.

Il hésite.

– Alors… un cœur en or ?
>p>La tentation est trop forte et mon humour noir ressort avant que je puisse l’en empêcher.

– J’aimerais bien, mais je l’ai laissé dans le congélo.

Perplexité. Je me prépare à le rassurer (« Je rigooooole ! ») quand il parvient à rire – un peu jaune – et balbutier une réponse sur un cœur « trop rebelle que je dois tenir en cage ».

– Ouais, c’est ça…

– Bon, alors bonne journée, mademoiselle !
Et il s’en va en regardant discrètement par-dessus l’épaule. T’inquiète pas, j’ai fait ma provision d’organes, je ne vais pas t’attaquer. Surtout au milieu de la foule.

(Petite pensée pour C. et sa blague récurrente)

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Un peu de rêve pour un dimanche

Du pays d’où nous venons

(par Ana Blandiana, poétesse roumaine, 1942 – …)
Traduction © Denisa Ispas, 2012

Parlons

Du pays d’où nous venons.

Moi je viens de l’été,

C’est une patrie fragile

Que n’importe quelle feuille

Tombant, peut éteindre.

Mais le ciel est si lourd d’étoiles

Qu’il pend parfois jusqu’à la terre

Et si tu t’approches tu entends comment l’herbe

Chatouille les étoiles en riant,

Et les fleurs sont si nombreuses

Que tu as mal

Aux orbites comme asséchées par le soleil,

Et des ronds soleils pendent

Dans chaque arbre ;

Là d’où je viens

Il ne manque plus que la mort

Il y a tant de bonheur

Que t’en as presque sommeil.

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Violoncelle

Tendue de désir, je suis
une corde sous tes doigts,
vibrante.

Tendue vers toi, j’attends
que tes doigts me fassent chanter
en caresses.

Cambrée contre toi, je
garde les yeux fermés, j’
enferme mon désir de toi
qui pourtant vibre sous ton regard
comme une corde.

(© Denisa Ispas, 2012)

Inspirée par Apocalyptica – Ruska.

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Le McCon et d’autres histoires

Qu’est-ce que c’est que le McCon ?

Il y a des gens, on dirait, qui viennent au McDo – et c’est peut-être valable aussi pour les autres restaurants de fast-food – pour se donner des airs de VIP et se sentir plus importants dans la vie en se prenant aux employés, par définition inférieurs. Car, c’est bien connu, nous ne sommes pas des étudiants, certains en master, certains en fac de maths, médecine ou autre domaine d’études pour les simples d’esprit, certains parmi les meilleurs de leurs promotions. Nous sommes que des pauvres imbéciles qui avons atterri au McDo faute de pouvoir obtenir « un vrai travail », et non pas parce que nous avons le courage de travailler pendant les études pour avoir une certaine indépendance financière. Fin de l’ironie. Un McCon ne dira pas bonjour, merci, s’il vous plaît et au revoir – on n’est pas poli avec les caisses automatiques, alors pourquoi l’être avec les caissières ? -, changera sa commande sans s’excuser, prendra une heure pour réfléchir à la caisse alors qu’il aurait pu le faire pendant qu’il attendait, se plaindra des prix trop élevés – va voir dans un vrai restau si tu te remplis le bide pour 10 € -, des sandwiches qu’il y a ou il n’y a plus et en général se comportera comme un con.

Voici quelques exemples.

Une dame arrive à ma caisse un jour avant le rush – élément important, car s’il y avait quinze personnes dans la fille, je n’aurais pas été aussi patiente – et sans me dire bonjour, se lance d’un ton irritant à faire sa commande. Et quand je dis ton irritant, c’est le ton « ça m’agace de devoir passer par vous, pauvres êtres inférieurs, pour nourrir mes morveux, et je me rabaisse qu’en vous parlant ». Le ton qui demande des claques. Elle change cinq fois d’avis quant à son menu, m’obligeant à chaque fois à annuler, avec un sourire poli de plus en plus forcé. Puis elle demande des Happy Meals « avec des double cheese ». Je lui réponds qu’il n’y a pas ça dans les menus enfants, mais seulement des cheeseburgers simples, ou alors …et je lui énumère les autres sandwiches disponibles. Elle me regarde de travers et me dit, agacée : « J’ai toujours pris des double cheese dans les Happy Meals !

– Ce n’est pas possible, madame, d’abord parce que c’est un sandwich trop cher pour qu’on le mette dans ce menu, et deuxièmement, parce qu’il est trop gros pour entrer dans la boîte.

– C’est pas vrai, je prends ça depuis des années !

– Je ne pense pas, parce que le double cheese est venu il y a deux ans, et moi je travaille au McDo depuis trois ans, et jamais il n’y a eu de double cheese dans un Happy Meal.

– Si ! Et vous ne travaillez pas ici depuis longtemps !

– Dans ce McDo précis, depuis juillet dernier.

– C’est pas vrai ! Je ne vous ai jamais vue !

Parce que ça prouve, évidemment, que je n’étais pas là, selon le principe de la couette sur la tête qui fait disparaître les croque-mitaines.

– Si, vous m’avez vue, et je vous ai vue aussi plusieurs fois, vous êtes même venue à ma caisse.

– Ah bon !!

– Je vous assure. »

Sur quoi, elle a pouffé encore deux ou trois fois en finissant sa commande, « bon, pfff, des cheese alors, pfff, n’importe quoi ce McDo » et est partie avec un « au revoir » si aigre qu’il aurait fait tourner le lait. Je lui ai répondu, tout aussi poliment, « au plaisir de vous revoir, madame », ce qu’on nous a instruit de dire au lieu de « je vous emmerde ».

Deuxième exemple

Comme une bonne partie des restaurants McDo, nous faisons des anniversaires. Pour cela, les clients doivent appeler une semaine ou deux à l’avance pour réserver, déposer un chèque de caution et recevoir les invitations qu’ils vont distribuer. Après le rush, l’hôtesse isole une partie de la salle à l’étage pour les enfants qui arrivent en général vers 15h. Un jour, un client arrive à midi, en pleine heure de pointe, et demande à voir le responsable pour un anniversaire. L’hôtesse arrive étonnée, car il y avait effectivement prévu un anniversaire ce jour-là, mais à 14h30. Il s’agissait au fait de quelqu’un d’autre, car elle lui demande s’il avait réservé. L’homme lui répond agressivement que non, et qu’il n’en a pas besoin.

« Mais bien sûr que si, vous ne pouvez pas arriver comme ça avec dix enfants et demander un anniversaire, surtout à cette heure-là où le restaurant est plein.

– Je m’en fous ! Je suis venu faire l’anniversaire de mon fils et je le ferai !! C’est un restau ou pas ?!

– Oui.

– Alors vous êtes obligés de le faire !! »

Au fait non, pas vraiment. Va essayer ça à Hippopotamus et on verra si on ne te reconduit dehors à coup de pieds. L’hôtesse lui a donc répondu que non, pas du tout, et puisqu’il est malpoli et lui crie dessus, elle ne l’écouterait plus. Sur quoi elle lui a tourné le dos et est revenue sur le terrain, envoyant le manager gérer l’abruti. Malheureusement, celui-ci a pris la décision – qui nous a tous déçus – d’accéder à sa demande et donc nous a mis tous en galère en quittant le terrain et en monopolisant une partie de la cuisine pour préparer les repas de la dizaine de mioches, ainsi qu’une partie de la salle (rappelons-nous que c’est l’heure de pointe, hein ?). Comme quoi, être con, des fois ça paie.

Je sais que le slogan du moment est « venez comme vous êtes », mais, s’il vous plaît, si vous êtes con, abstenez-vous.

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Un thé pour la dissert’ de minuit

Puisqu’il ne faut jamais remettre au lendemain ce qu’on peut faire aujourd’hui (mais de préférence au surlendemain parce qu’aujourd’hui on joue à Sims, ou WoW selon l’envie de chacun), nous avons tous connu cette expérience intense que de faire un devoir de taille la veille, voire la nuit avant le jour J. Le blocage, la panique, le sommeil, le cerveau qui ferme boutique, fait ses valises et se barre aux Antilles pour des vacances imprévues et de durée inconnue, on connaît. Alors comment ne pas s’endormir, mais ne rester pas non plus éveillé-moitié-légume devient la question la plus importante du moment (aussi : comment faire pour ne pas rendre ça demain, sans toutefois rater la validation du TD, mais personnellement je n’ai jamais trouvé la réponse). Moi, je bois du thé. Ca a l’avantage de ne pas me donner le syndrôme dit « coeur du lapin égaré sur l’autoroute », d’avoir un arrière-goût plus agréable qu’une demi-douzaine d’expressos et en plus l’effet dure plus longtemps. Et croyez-moi, en tant qu’accro au café, ça me coûte de vous dire ça.

Cette nuit, puisqu’il est deux heures du mat’ et que ma dissertation sur Beckett avance bien (c’est-à-dire que depuis que j’attends l’inspiration, même Godot a eu le temps d’arriver. Deux fois), je vous parlerai donc de ce que je bois, ou j’ai déjà bu, vu que j’en suis à ma troisième théière. Après un thé vert Crème caramel

(pas très différent de la variante au maté d’un article précédent, le goût fumé en moins) et un autre au nom ridiculement approprié à la situation, Help me ! (un peu trop amer pour un thé au citron, peut-être à cause du maté), me voilà donc bien éveillée, bien en forme – et toujours aussi motivée pour travailler.

Quoi faire ? Je n’ose plus toucher à l’excitante théine, de peur de devenir insomniaque pour trois jours, mais j’ai besoin de boire

(photo © Teatower.com)

(photo © Teatower.com)

quelque chose, au moins pour l’effet placébo. J’ai envie de quelque chose de parfumé, de sucré, de fruité, pour que je me croie en vacances d’été (parce qu’évidemment ça me donnerait envie de faire une dissertation sur un sujet que je connais pas. Bref). J’ai pris, au hasard je l’avoue, un sachet marqué « Rooibos des koalas« . J’ai rarement fait un choix plus approprié en matière de thé. Un parfum comme de la menthe poivrée, mais adouci par un je ne sais quoi, m’a chatouillée agréablement le nez quand j’ai ouvert le sachet. Il était encore plus agréable en tasse, puis en bouche. Le goût mentholé qu’on sent en premier c’est, en fait, l’eucalyptus (ce qui est tout-à-fait logique étant donné le nom), puis l’écorche d’orange vient l’envelopper et l’adoucir, pour un mélange final délicieusement frais et fruité. J’ai descendu le bol d’un trait (bon, ok, de deux, j’ai voulu savourer, c’était trop bon) et maintenant je regrette amèrement n’avoir acheté qu’un seul échantillon. Erreur à corriger au plus tôt. (5/5)

Et maintenant, plus d’excuse pour ne pas retourner à mon Godot…

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L’étagère de cette année

Depuis quelques ans, quatre ou cinq peut-être, je me propose à chaque 1er janvier de lire une centaine de livres dans l’année. Si j’ai été près de toucher au but en 2007 et 2008 avec environ 80 livres, je suis retombée à une cinquantaine après avoir repris le travail et les cours, si on inclut les lectures pour la fac. Même si Murakami et Hobb m’attiraient largement plus que Fénelon, Baudelaire et des barbarismes tels que les ouvrages de théorie de stylistique et de rhétorique, j’ai dû les faire attendre – et pourtant qu’est-ce qu’ils me faisaient de l’oeil depuis l’étagère où ils étaient exilés ! Et qu’est-ce que j’aurais voulu succomber à la tentation… mais les contrôles et les partiels exigeaient que je jeûne sur mes favoris. Cette année, je me propose donc un but moins difficile à atteindre : la cinquantaine ou plus, exceptant les lectures obligatoires. Je me propose également de me bouger les fesses pour écrire aussi un petit mot sur chacun (ou presque, je me connais) des livres qui me tomberont entre les mains.

Commençons avec un aperçu de ce qui m’attend en ce moment :


Michaël Ferrier, Tokyo et Michel Pastureau, Les Animaux célèbres

L’une des seules bonnes choses à dire sur l’atelier d’écriture romanesque dont j’étais si enthousiasmée au début – et si déçue par la suite – a été la rencontre arrangée par notre professeur avec l’éditrice de la maison Arléa, une femme très agréable qui aura son article dédié rien qu’à elle, et que j’ai aimée d’autant plus qu’elle a apporté quelques livres dont elle nous a fait cadeau. Déjà que ma devise est « Ne pas faire confiance à quelqu’un qui n’apporte pas un livre avec soi » (avec son dérivé « Ne pas aimer les gens qui ne lisent pas »), alors vous devinez bien que me donner des livres est une façon sûre de devenir mon meilleur ami. Bon, j’exagère un peu, mais je me comprends (vous aussi, je l’espère). Je ne m’attends qu’à du bon de ce deux titres.

Michel Vinaver, L’Ordinaire et Jean Giono, Un roi sans divertissement

Partie de ma bibliographie pour le cours de littérature et cinéma, dont le thème est le huis clos. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre, donc si vous connaissez, je prends des avis.

Charles Dickens, Great Expectations

L’ayant lu plus jeune, j’avas des grandes espérances pour ce livre pour le moins connu. Et, comme le personnage, j’ai connu une grande déception. Je lui donnerai cependant une deuxième chance, juste parce que c’est Dickens.

Pearl Buck, La Mère

Ecrivaine américaine qui a vécu une bonne partie de sa vie en Chine, elle écrit sur ce pays où elle a passé son enfance et sa jeunesse. Je l’ai découverte avec la trilogie La Terre chinoise (The Good Earth) et elle m’a fascinée, bien que j’aie oublié son nom avec le temps. J’ai donc été ravie de retomber sur elle dans une librairie.

Lou Andréas-Salomé, La Vie de Rilke

J’ai découvert Rilke le semestre dernier, au programme du cours de Littératures européennes – qui comprenait sept poètes pour douze semaines, nous en avons tous été traumatisés, heureusement que j’ai eu une excellente prof de TD qui nous a aidés à survivre – et, de tous les poètes, je crois qu’il a été celui qui m’a plus attirée. Bien qu’obscure au début, et pas beaucoup moins obscure par la suite, Rilke a gagné mon coeur (« Ô de quelle façon, avec quel gémissement/ nous nous sommes carressés, épaules et paupières. (…) Hélas dans l’attitude de la déploration/ tu te penches vers moi, toi qui ne consoles pas. ») – lui et Lorca (« Le soir s’allongeait le long de la rivière »…). C’est pour ça que vous subissez un assaut de poésie sur ce blog depuis un moment. Mais pour revenir à Rilke, il a eu une vie fort intéressante, pour utiliser un euphémisme, qui commence sous le signe de Freud avec une mère qui l’habille en fille, l’appelle Renée Maria et le prend pour la réincarnation de la fille qu’elle a perdu (ou voulu, je ne me rappelle plus). Brisé ensuite par l’école militaire à laquelle l’envoie son père pour le libérer de sa mère, ce n’est que grâce à Lou Andréas-Salomé, son amoureuse et l’auteure du livre, qu’il arrivera à surpasser à un certain point ces traumes de l’enfance. C’est elle, en découvrant la psychanalyse, qui a l’idée de lui faire changer son nom féminin Renée en Rainer. Enfin, je raconte peut-être n’importe quoi, mais je suis impatiente de lire ce bouquin et puis je vous raconterai.

Ray Bradbury, We Will Always Have Paris

Après Fahrenheit 451 et Chroniques martiennes, je ne m’attendais qu’à du bon de celui-là. D’ailleurs, depuis que cet article croupit dans mes brouillons, j’ai déjà fini le bouquin, alors un review paraîtra dans les prochains jours mois.

David Lodge, Deaf Sentence

J’ai entendu parler de lui par Alexandra (très inhabituelle comme source, je sais), il lui a plu, j’ai voulu le découvrir. Blâmez Madame Bovary (à sa gauche sur la photo) et compagnie pour le fait que j’ai déjà un mois de retard à la bibliothèque sans avoir pu le toucher. Je dois le rendre, je le reprendrai peut-être un jour. Des avis ?

Jane Austen, Pride and Prejudice

Parce qu’un jour il faut bien s’attaquer aux classiques, surtout quand on a des lacunes. On m’a dit que ce serait un livre romantique (et pas dans le sens du courant littéraire), mais pour l’instant je le trouve bien. Review à venir, peut-être, c’est assez connu pour qu’on puisse s’en passer, n’est-ce pas ?

Sarah Waters, Tipping the Velvet et Fingersmith

Après la révélation de Fingersmith (Du bout des doigts, selon la bonne habitude de certains traducteurs français de mettre un titre sans aucun rapport et qui modifie la perspective qu’il est censé donner de l’oeuvre), j’ai voulu découvrir ce qu’elle a écrit d’autre. Alex m’a offert Toucher le velours pour mon anniversaire, que j’ai attaqué immédiatement. Pour le moment, il est moins bien que Fingersmith, j’attends qu’elle se resaisisse et me donne quelque chose d’aussi renversant dans la suite du livre.

Ajoutez à cette liste la brassée de bouquins que je me suis achetée depuis que j’ai commencé l’article, ensuite Anne Rice qui m’a trop donné envie de la relire (The Witching Hour/ Le lien maléfique – vous remarquez aussi la fidélité de la traduction ? – suivi de Lasher et Taltos), les autres livres qui attendent depuis un bail (la suite de la série de Paolini, Brisingr et L’Aîné, puis la trilogie de Robin Hobb que je me suis achetée après une première lecture, The Liveship Traders/ Les Aventuriers de la mer) et les bouquins que j’ai reçu pour mon anniversaire (February Flowers d’un certain Fan Wu et Anne de Green Gables de Lucy Maud Montgommery) et vous aurez une liste à peu près correcte de tout ce qui m’attend. Et j’ai encore péché aujourd’hui, par la faute d’Amazon, qui me propose des offres éhontées. Y a une vie en dehors des livres ? Où ça ?

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Sorbonne et l’informatique ou comment rater son master à l’avance

Depuis trois ans, j’ai prévu de devenir traductrice. Depuis trois ans, je fais des études dans ce but et je choisis mes options dans ce sens. Pendant la première année, j’ai dû faire un dossier sur le métier que j’envisageais, pour m’informer sur les étapes à suivre et sur la réalité de la profession : c’est comme ça que j’ai su qu’il me faut un master à l’ISIT ou à l’ESIT. Celui d’ISIT ayant cette particularité qu’il n’y avait que cinq places en deuxième année, j’ai voulu faire celui de la Sorbonne Nouvelle – donc j’ai commencé à me renseigner sur les inscriptions et autres choses utiles le mois dernier.

Et là, surprise. Le site, comme tout site sorbonnard qui se respecte, était fort vague point de vue informations. Seule une brochure était disponible pour les candidats, dans laquelle les détails pratiques (tels que les dates et les moyens d’inscriptions, simples bagatelles, n’est-ce pas ?) ne figuraient pas. De plus, il y avait de quoi ne plus rien comprendre : d’abord, les étudiants étrangers ne peuvent pas s’inscrire en master régulier de deux ans, mais seulement faire un « Certificat de méthodologie de la traduction » en un an, qui ne contient qu’un tiers des matières du master. Ne me sentant pas concernée, puisque j’ai fait mes études ici et que mon niveau de français ne laisse rien à désirer, j’ai continué à lire. Eh bien, d’abord il faut être trilingue (rien que ça ? mes collègues ont déjà du mal avec le français, alors l’anglais, je vous dis pas), mais ils ont la gentillesse d’accepter aussi les pauvres bilingues, en précisant bien que toutefois « le taux de réussite en cursus bilingue est très faible ». Bien évidemment, quand on dit trilingue, on ne compte pas le roumain, langue négligeable selon l’ESIT, donc me voilà seulement bilingue et donc destinée à rater le master, comme le prouvent les statistiques.

Deuxièmement, le français doit être la langue maternelle, sinon on est directement condamnés au Certificat méthodologique. Il y a, bien sûr, un examen de langues avant de pouvoir s’inscrire, mais croyez-vous qu’on a le droit de prouver qu’on maîtrise le français aussi bien que les natifs ? Ce serait trop avantager les étrangers. Non, on peut seulement passer un test de compréhension et expression orale et écrite. Le même que j’ai passé pour entrer à la Sorbonne, en L1 : ils veulent que je passe le même pour le niveau de master. Faille logique ? Où ça ? D’accord, faites passer ça à ceux qui viennent en France directement pour le master, si ça vous chante, mais quand un candidat présente un diplôme de Lettres de la Sorbonne, université assez connue quand-même, ça prouve pas qu’il parle français, à leur avis. Parce qu’on peut obtenir 14 de moyenne en parlant kom 1 débille. Sé konu, conte slmt se kon à dns la teuté. Nan ?

Bref, passons.

Troisièmement, et je cite, « les candidats devront (…) justifier de la réussite de ces quatre années d’études préalables ». Hein ?! Quelles quatre années ? La licence en France en compte que trois, ou alors je me suis faite avoir et avec moi tous les collègues. C’est sympa de nous laisser croire qu’on a fini nos études pour, à la fin, nous asséner en riant diaboliquement « Ha ! il vous faut encore une année, bande de nuls ! Mouahahahahaha ! ». Ou alors ils veulent que je fasse une première année de master ailleurs avant de m’inscrire chez eux. Va savoir, ils ne l’expliquent pas, t’as qu’à aller demander à une voyante.

Moi, naïve comme je suis, j’ai voulu leur demander à eux. Je leur ai donc écrit un très gentil mail, les priant humblement d’éclairer ma pauvre lanterne. Il y a deux semaines. Pourtant, dès la rentrée de ma première année, les secrétaires ont bien précisé qu’elles ne répondent pas trop aux mails, puisqu’elles n’étaient même pas très sûres de leurs propres adresses électroniques. Comment ai-je pu croire que les choses seraient plus avancées à la Sorbonne Nouvelle, à l’aube du XXIe siècle ? Parce qu’elles ne le sont pas, vu que je n’ai toujours pas de réponse.

Alors, ce matin, j’ai décidé de prendre les choses en main et les appeler, vu que les inscriptions aux examens préalables se font en mars et que lesdits examens ont lieu en avril et mai et que donc c’était uuuuun tout petit peu urgent d’avoir des réponses. Je retourne donc sur le site, je prends le numéro, je relis la page dédiée au master de traduction, des fois que. Toujours pas. « Les détails sur les inscriptions se trouvent sur la page Candidats ». Bien sûr, pas de lien incorporé vers cette page, ni de bouton en vue sur la page en cours. Fort utile pour y accéder, vous me le concéderez. Heureusement qu’ils avaient quand-même pensé à intégrer un bouton de recherche sur leur site, qui, lui, a pu trouver la fameuse page. Et que croyez-vous que j’y ai trouvé ? « Les inscriptions sont closes depuis le 2 mars ».

Ciel qui s’effondre. J’ai raté les inscriptions. J’ai raté l’année. Encore du temps de perdu, stupidement, du temps qui m’échappe entre les mains. Rage impuissante contre leur site à la con, contre les secrétaires qui ne répondent pas aux mails, contre moi-même pour ne pas avoir pensé que janvier, ce n’était pas trop tôt pour penser aux inscriptions.

Je me suis mise à pleurer, évidemment. J’ai dû me remaquiller ; j’étais déjà en retard. L’homme me soutenait en me rappelant cinq, dix fois que « depuis combien de temps je te dis de te renseigner ? » sur ce « master de ta vie ». J’ai repleuré, j’ai dû me remaquiller une troisième fois.

Je ne vous décris pas dans quel état j’étais, disons juste que j’ai bientôt 30 ans et je n’ai même pas fini mes études, donc je ne peux pas me permettre de perdre encore une année, surtout pour une raison aussi absurde. Que faire ? Travailler à temps plein et prendre des cours d’espagnol pour devenir quadrilingue (enfin, trilingue selon les critères de Sorbonne Nouvelle) ou commencer un master ailleurs, me prendre la tête à faire un stage et une thèse juste pour recommencer l’année d’après ? J’y passai la matinée, trop absente pour penser au cours de littérature, avec des envies entêtantes de pleurer. Quand je me ressaisis enfin, je pensai à poser la question à Google. Mes recherches pour le dossier professionnalisant avaient laissé entendre que seulement ces deux-là (ISIT et ESIT) seraient reconnus par mes futurs embaucheurs. Et pourtant, Google m’en trouva d’autres, dont le plus intéressant à l’université Diderot.

Donc tant pis pour l’ESIT, bonjour Diderot.

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